Indigo
Jenny.
On ne faisait certainement plus de filles comme Jenny ! Un modèle de sérieux ! Depuis plusieurs années qu’elles se connaissaient, jamais Marjorie n’avait vu Jenny sortir le soir, ni même accepter une invitation quelle qu’elle soit ! Elle s’arrangeait toujours pour trouver une excellente raison pour ne pas participer aux diverses sorties et événements qui peuplaient la vie universitaire. Pourtant, Jenny ne pouvait pas ne pas avoir compris la teneur des avances qu’elle lui faisait depuis plusieurs mois ! Curieusement, ces avances ne semblaient pas lui déplaire… Pas du tout, même. Plusieurs fois, elle avait senti les défenses de la jeune fille faiblir, mais au dernier moment, elle se ravisait et trouvait une excuse ! Jenny était une exception à plus d’un égard. Par exemple, elle était la seule à ne pas dormir sur le campus. Elle vivait avec sa sœur dans une propriété à l’autre bout de la ville. Sa sœur la déposait tous les matins et l’attendait à la fin des cours. Avant l’université, dans leur petite ville de province, c’était la mère de Jenny qui assurait cette mission. Jamais elle ne l’avait vu en retard ! La seule chose qui avait changé au cours de toutes ces années, c’était la manière dont Jenny se chaussait ! Quand elles étaient ensemble au lycée, Jenny portait toujours de grosses chaussures, genre brodequin, d’un esthétisme discutable. Elle s’était assez moquée de Jenny, qui même au cœur de l’été ne quittait jamais ces affreux godillots ! Il faut croire que ces moqueries avaient porté leur fruit… Un peu trop, même ! C’était maintenant l’inverse ! Jenny était pratiquement pieds nus, enfin presque, été comme hiver ! Jenny et ses éternelles sandales ! Jamais ni bas, ni chaussettes ! Quand elle lui avait fait la remarque, elle avait haussé les épaules et répondu : « Je ne peux pas faire autrement » Quand elle avait demandé des précisions, Jenny avait rapidement noyé le poisson et disant qu’elle se sentait bien comme cela et que de toute façon, ses pieds n’étaient pas un sujet de conversation passionnant.
Cyclone.
Les cyclones dans cette région n’ont rien d’exceptionnel, mais celui ci avait dépassé ce à quoi nous étions habitués. Le vent s’était brusquement levé en milieu d’après midi et avait soufflé à plus de 200 kilomètres/heure. Quelques tuiles des bâtiments universitaires s’étaient envolées, mais rien de bien grave. Par contre, plus d’électricité et plus de téléphone. Tous les étudiants du cours d’histoire étaient rassemblés à la cafétéria du campus autour d’un vieux poste de radio, écoutant les nouvelles. Elles n’étaient guère réjouissantes ! L’électricité et le téléphone ne seraient pas rétablis avant plusieurs jours. Mais il y avait beaucoup plus grave ! La route avait été littéralement emportée par un torrent de boue et la ville était coupée du monde. Bien sûr, le ravitaillement serait assuré par hélicoptère, mais nombre de leurs professeurs, enseignant dans d’autres universités du pays ne pourraient pas assurer leurs cours pendant plusieurs jours ! Pas si grave que cela finalement ! Ça leur ferait un peu de répit ! C’est pour cette raison que Marjorie fut surprise de la réaction de Jenny. Elle la regardait, comme elle avait prit l’habitude de le faire trop souvent et cela nuisait à sa concentration pendant les cours, quand elle avait vu le visage de la jeune fille se décomposer. Elle était devenue d’une pâleur singulière et ses lèvres s’étaient mise à trembler. Le recteur de l’université décida de neutraliser les cours des trois prochains jours. En effet, le nombre de professeurs et de surveillants était insuffisant pour assurer les cours. Il invita les étudiants à en profiter pour réviser en vu des prochains examens. La nouvelle fut bien accueillie par tout le monde, mais visiblement pas par Jenny ! Incompréhensible, car Jenny était la seule fille de la promotion à habiter si près de l’université. Cela lui faisait trois jours de vacances. Aussitôt après cette annonce, Jenny avait fait le tour de ses camarades en quête d’un portable en état de marche. Elle avait passé quelques minutes au téléphone et quand elle avait coupé la communication, son visage était encore plus terreur qu’avant ! Elle s’isola dans un coin de la salle, appuyée le dos au mur, la tête dans les mains. Marjorie s’approcha doucement. « Tu as des nouvelles de ta sœur ? Il ne lui est rien arrivé de grave pendant la tempête ? » « Non. Elle va bien, mais elle est bloquée à la ville et pour plusieurs jours, j’en ai peur. J’avais espéré qu’elle était passée avant le cyclone… » « Alors, pourquoi te met tu dans un état pareil ? Ce n’est pas dramatique ! » « Tu ne peux pas comprendre… » « Je ne demande que cela… Et tu le sais, n’est ce pas ? » Jenny avait alors relevé la tête et elle l’avait regardé comme si c’était la première fois. Marjorie remarqua que ses traits s’étaient imperceptiblement détendus. « Je ne sais plus ou j’en suis… » Intérieurement, Marjorie jubilait. Elle sentait Jenny en position de faiblesse et c’est ce qu’elle attendait depuis des années. Le verni commençait à s’écailler et elle entendait bien en profiter. Elle ne savait pas encore pourquoi, mais une faille était en train de s’ouvrir dans les défenses de la jeune fille et elle avait bien l’intention de s’y engouffrer. « Si tu commençais par le début… Depuis que je te connais, je ne sais pratiquement rien de toi ni de ta vie ! » « C’est que… Ce n’est pas facile à dire… Je… Enfin, est ce que tu veux venir à la maison ce soir ? Je t’expliquerais tout… De toute façon, tu le verras bien ! » « Ton secret est si inavouable ? » Pour toute réponse, Jenny lui posa un doigt sur les lèvres en disant. « Pas ici… Ce soir. » Marjorie prit la main de Jenny entre les siennes et la maintint un moment sur ses lèvres en la regardant dans les yeux. Jenny ne fit aucun geste pour se dégager. Marjorie n’insista pas ! Dans moins d’une heure, elle pénétrait dans l’intimité de Jenny. Elle attendait cela depuis si longtemps qu’elle n’était plus à quelques minutes près.
Intimité.
Marjorie tenait Jenny par le bras. Elles marchaient depuis 10 minutes, et Jenny n’avait pas encore desserré les dents. Les dégâts du cyclone étaient impressionnants. Les tennis de Marjorie étaient couverts de boue et elle avait les pieds trempés. Les pieds nus de Jenny, avec la faible protection de ses sandales, paraissaient venir d’être déterrés, mais cela ne semblait pas gêner la jeune fille. Elle ne faisait rien pour éviter les flaques d’eau boueuses. Jenny poussa la lourde porte de la propriété et s’effaça pour laisser entrer Marjorie. Le parc ne semblait pas avoir trop souffert. Le sol était jonché de débris de branches et de feuilles, mais aucun des grands arbres n’avait été déraciné. Un volet était sur le sol, devant la porte d’entrée, un autre pendait sur la façade. Jenny déverrouilla la porte et entra. Jenny se débarrassa de ses sandales. « Je vais prendre une douche. Installe toi… Il ne reste quelques heures », dit-elle en souriant. Marjorie fit le tour de la maison. Le mobilier était plutôt moderne. La plupart des pièces étaient visiblement inoccupées. En sortant par la porte de la cuisine, elle découvrit un petit chalet dans le fond d’un petit verger. Elle en poussa la porte, étonnée de la trouver ouverte. Il n’y avait rien dans le chalet. Sol nu, murs nus, aucune décoration. Elle ne s’y attarda pas et rejoignit la cuisine. Jenny l’y attendait, une tasse de café fumante à la main. « Tu en veux un ? » « Avec plaisir. » « Je vois que tu as visité ! » « Quoi ? Ha ! Le petit chalet ! Oui. Il n’y a rien dedans. » « C’est pourtant là que nous allons passer la soirée ! » s’exclama-t-elle en riant « Tu n’es pas sérieuse ! Pourquoi ne pas rester dans la maison ? » « Je vais t’expliquer pourquoi, mais je crois que tu devrais t’asseoir pour entre ça. Nous allons en profiter pour manger un morceau » Jenny prépara un repas léger, sans rien dire. Marjorie ne tenait plus ! « Alors, tu le fais exprès ! Tu ménages tes effets ? » « Non ! Mais je ne sais pas comment commencer… Oui, je sais ce que tu vas dire, commence par le début… Ce n’est pas si simple ! » « Tu n’as pas confiance en moi ? » « Bien sûr que si ! Sinon tu ne serais pas ici ! Voilà, je suis malade, Marjorie, je suis constamment sous calmant. Ma sœur est partie ce matin pour aller chercher ce calmant. J’ai pris le dernier ce matin. » « Pourquoi tu ne vas pas dans une pharmacie ou voir un médecin ? » « Parce que ce médicament n’est pas commercialisé. Il y a longtemps que les calmants ordinaires ne me font plus rien… et même celui là commence à donner des signes de faiblesse ! » « Mais qu’est ce que tu as de si grave ! Depuis que je te connais, et ce n’est pas d’hier, je ne t’ai jamais vu avec un rhume ! Aujourd’hui, tu m’annonces que tu es très malade » « Marjorie, je suis épileptique. L’épilepsie est… » « S’il te plait, je sais ce qu’est l’épilepsie ! Ne me prends pas pour une idiote ! » « Tais toi et écoute-moi ! Tu n’as aucune idée de la forme d’épilepsie qui me frappe. C’est une forme extrêmement rare ! Je crois que nous ne sommes pas plus d’une dizaine dans le monde ! » « Alors, tu vas t’écrouler et être prise de convulsions… tu veux que je te surveille, c’est bien cela ? » « Que tu me surveilles, oui… mais ne t’inquiète pas, je ne perds jamais conscience et je me souviens de toutes les crises. Quant à gigoter, je dois avouer qu’en effet, je bouge généralement beaucoup ! » « Si tu arrêtais de parler par énigme et me disais franchement ce qui va t’arriver ? » « Je vais essayer… ce n’est pas si facile ! Bon ! Pour la plupart des gens, les crises d’épilepsie consistent en une convulsion généralisée à deux phases. Durant la phase tonique, la personne perd connaissance et s'effondre, puis elle se raidit. Pendant la phase clonique, les membres sont saisis de secousses successives. Après la crise, la personne reprend conscience lentement et ne se souvient de rien ! » « c’est ce que j’aurais dit, peut être avec moins de précisions » « Pour moi, ce n’est pas du tout cela ! C’est à la fois moins grave, mais plus, comment dire, définitif… » « Voilà que tu recommences à parler par énigmes ! » « Non ! J’essaye seulement d’être précise ! Chez moi, les crises sont caractérisées par une sensation étrange ou inhabituelle, par exemple, une odeur ou une anomalie visuelle. Ce type de crises peut se manifester par un mouvement soudain ou une impatience musculaire, une distorsion auditive ou visuelle, des dérangements d'estomac, une sensation soudaine de peur, mais la conscience est toujours préservée . » « Tu vois des éléphants roses traverser la cuisine ? » « Tu n’es pas drôle, tu sais ! » « Excuse-moi, c’est de ta faute aussi ! Tu n’en finis pas ! » « Bon ! J’y viens. Il y a seulement quelques personnes qui savent. Ma mère, ma sœur, et quelques médecins, naturellement. Voilà, et bien, cette sensation étrange ou inhabituelle se traduit pour moi par heu… un… un orgasme involontaire… voilà ! Tu connais mon secret ! Ne me regarde pas comme cela ! Ce n’est pas si sympathique que ça en a l’air ! » « Enfin ! Tu es en train de me dire que quand tu ne prends pas ton traitement, tu te mets à jouir ! J’ai du mal à croire que ça te fait peur ! » « Je te mentirai si je te disais que ce n’est pas très, très agréable. Il n’y a pas que cela. Je… Je suis obligée de me déshabiller entièrement… je ne supporte plus mes vêtements. » « Pour être franche, moi aussi je préfère être nue quand je fais l’amour ! » « Oui, mais tu n’y es pas obligé ! Moi oui ! De plus, si je reste trop longtemps sans traitement, cette nudité risque de devenir permanente ! Là, je vais rester nue trois jours ! J’ai déjà du mal à mettre des sandales ! » « Alors c’est pour cela que tu te trimbales pratiquement pieds nus, été comme hivers ! Quand nous étions au lycée, tu n’avais pas ce problème ! Je me souviens encore de tes affreuses chaussures ! » « Tu m’as assez charrié avec ça ! » Dit-elle en riant, avant de redevenir sérieuse. « Je… Je m’autorise l’arrêt du traitement 2 à trois fois par an… mais c’est suffisant pour que la nudité progresse lentement. » « Pourquoi as-tu besoin de moi aujourd’hui ? Ne te méprends pas ! J’en suis très flattée et… Heureuse. Je pense que tu sais exactement pourquoi » « Bien sûr, et c’est pour cette raison que tu es là ! Je sais que tu aimes les femmes, et moi en particuliers. Si tu savais le nombre de fois ou j’ai été tenté de te faire participer à mes… crises ! » « Pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt… toutes ces années ! » « Je n’ai jamais osé ! Depuis des années on m’a apprit à le cacher. Ma mère ne veut même plus en entendre parler. Elle me demande juste de temps en temps si je prends régulièrement mon traitement, sans jamais, au grand jamais prononcer le mot crise ou orgasme ou quoi que ce soit qui puisse rappeler ma maladie ! » « Cela ne répond pas à ma question. Pourquoi as-tu besoin de moi ? » « Je… Je n’ai jamais fait cela seule depuis des années… » « Avec qui alors ? Je ne comprends pas ! » « Ce n’est pourtant pas difficile à deviner ! » « Ta… Ta sœur ! C’est cela ? » « Oui… Mais ce n’est pas ce que tu crois ! Un autre lien nous uni, lié à cette maladie, je ne peux pas prétendre le contraire… mais tu comprendras tout à l’heure… Je vais devoir me déshabiller. Le tissu commence à me gêner. J’aurais du prendre le médicament depuis plus d’une heure et mon sang ne contient plus assez de produit pour être efficace. » Jenny se leva et défit la ceinture du peignoir qui tomba sur le sol. Elle en dégagea vivement les pieds en faisant une grimace, comme si le tissu l’avait brûlé. Marjorie contenait difficilement son excitation. Elle se leva, s’approcha de Jenny et passa ses bras autour de sa taille. La jeune fille la repoussa presque brutalement. « Il faudrait savoir ce que tu veux ! » S’exclama Marjorie, en colère. « Tu ne comprends pas ! Si je ne peux pas supporter mes vêtements, ce n’est pas pour supporter ceux des autres ! Si tu veux rester près de moi, tu vas devoir être aussi nue que moi ! » Sans même répondre, Marjorie ôta tous ses vêtements en un temps record. Elle enlaça de nouveau Jenny qui cette fois répondit fermement à son étreinte. Toujours enlacées, elles prirent la direction du chalet.